Ce mois de mai 2011 marque le 50ème anniversaire de la publication par le pape Jean XXIII de l’encyclique Mater et Magistra qui commémorait à son tour le 70ème anniversaire de la publication par le pape Léon XIII de l’encyclique pionnière de Rerum Novarum sur la condition ouvrière.
Peu de personnes se souviennent que c’était Joseph Cardijn qui avait proposé au pape de publier cette encyclique au cours d’une audience qui lui avait été accordée en mars 1960. A la demande du pape, Cardijn avait alors rédigé un document d’une vingtaine de pages où il rassemblait diverses idées et suggestions pour l’encyclique qu’il préconisait.
Quatorze mois plus tard, le 15 mai 1961, Cardijn lui-même eut la surprise de découvrir que l’encyclique Mater et Magistra que le pape Jean venait de publier adoptait de manière spécifique la fameuse méthode du “Voir-Juger-Agir” dont il s’était fait le héraut tout au long de sa vie.
« Pour traduire en termes concrets les principes et les directives sociales, on passe d'habitude par trois étapes, » écrit le pape Jean, « relevé de la situation, appréciation de celle-ci à la lumière de ces principes et directives, recherche et détermination de ce qui doit se faire pour traduire en actes ces principes et ces directives selon le mode et le degré que la situation permet ou commande. »
« Ce sont ces trois moments que l'on a l'habitude d'exprimer par les mots : voir, juger, agir. Il est plus que jamais opportun que les jeunes soient invités souvent à repenser ces trois moments, et, dans la mesure du possible, à les traduire en actes ; de cette façon, les connaissances apprises et assimilées ne restent pas en eux à l'état d'idées abstraites, mais les rendent capables de traduire dans la pratique les principes et les directives sociales. »
Sous l’inspiration de Cardijn le pape Jean incorporait donc de manière spécifique la méthode du “Voir-Juger-Agir” dans l’enseignement social et la pratique de l’Eglise catholique.
Quatre années plus tard, dans son intervention au Concile de Vatican II sur la liberté religieuse, Cardijn, alors cardinal, devait insister sur l’importance de cet héritage :
« Cette liberté intérieure, même si elle existe en germe dans toute créature humaine comme un don naturel, requiert une longue éducation et elle s’entretient de trois façons : voir, juger et agir. Si, grâce à Dieu, nos soixante années d’apostolat n’ont pas été vaines, c’est parce que nous n’avons pas voulu que les jeunes vivent longtemps à l’abri des dangers, coupés de leur milieu de vie et de travail, mais que nous avons fait confiance à leur liberté, pour une meilleure éducation de celle-ci. Nous les avons aidés à voir, à juger et à agir par eux-mêmes, en entreprenant d’eux-mêmes une action sociale et culturelle, en obéissant librement aux autorités, afin de devenir des témoins adultes du Christ et de l’Evangile, conscients d’être responsables de leurs frères et de leurs sœurs du monde entier, » disait-il alors (20 septembre 1965), en utilisant une formule qui rappelle la fameuse définition de la « démocratie » adoptée par le mouvement du Sillon de Marc Sangnier, qui la décrivait comme « une organisation sociale qui tend à porter au maximum la conscience et la responsabilité de chacun. »
De fait la formule du “Voir-Juger-Agir” de Cardijn résumait avec précision la “méthode d’éducation démocratique” qui avait été utilisée dans les ”cercles d’étude” dont le Sillon s’était fait le pionnier au tournant du 20ème siècle.
« Tout citoyen doit : 1° Connaître l'état de sa patrie; lorsque la situation est mauvaise, il doit 2° chercher les remèdes; enfin, les remèdes trouvés il doit 3° agir, » écrivait Marc Sangnier pour décrire la méthode d’enquête utilisée par le Sillon dès l’année 1899.
C’est Cardijn qui a, de fait, perfectionné cette méthode pour en faire la fondation du mouvement de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) avant que celle-ci ne soit adoptée par tant d’autres mouvements et associations d’apostolat de laïcs.
« Des militants et des membres, » déclarait Cardijn au cours du 1er Congrès International de la JOC en 1935, « .apprenant à VOIR, JUGER ET AGIR : à VOIR le problème de leur destinée temporelle et éternelle, à JUGER la situation présente, les problèmes, les contradictions, les exigences d’une destinée éternelle et temporelle, à AGIR en vue de la conquête de leur destinée éternelle et temporelle, »
Cardijn s’est lui-même perçu comme un enseignant, un éducateur pour la jeunesse ouvrière. Aujourd’hui, cinquante ans après l’encyclique Mater et Magistra, nous voyons clairement qu’il a de fait rempli ce rôle pour l’ensemble de l’Eglise.
Aussi, tandis que nous célébrons le demi-siècle de “l’encyclique du Voir-Jugé-Agir”, nous renouvelons la demande formulée en 1998 par des anciens responsables de la JOC Internationale : que Cardijn soit reconnu comme “Docteur de l’Eglise”.
Communauté Internationale Cardijn
20 mai 2011
Peu de personnes se souviennent que c’était Joseph Cardijn qui avait proposé au pape de publier cette encyclique au cours d’une audience qui lui avait été accordée en mars 1960. A la demande du pape, Cardijn avait alors rédigé un document d’une vingtaine de pages où il rassemblait diverses idées et suggestions pour l’encyclique qu’il préconisait.
Quatorze mois plus tard, le 15 mai 1961, Cardijn lui-même eut la surprise de découvrir que l’encyclique Mater et Magistra que le pape Jean venait de publier adoptait de manière spécifique la fameuse méthode du “Voir-Juger-Agir” dont il s’était fait le héraut tout au long de sa vie.
« Pour traduire en termes concrets les principes et les directives sociales, on passe d'habitude par trois étapes, » écrit le pape Jean, « relevé de la situation, appréciation de celle-ci à la lumière de ces principes et directives, recherche et détermination de ce qui doit se faire pour traduire en actes ces principes et ces directives selon le mode et le degré que la situation permet ou commande. »
« Ce sont ces trois moments que l'on a l'habitude d'exprimer par les mots : voir, juger, agir. Il est plus que jamais opportun que les jeunes soient invités souvent à repenser ces trois moments, et, dans la mesure du possible, à les traduire en actes ; de cette façon, les connaissances apprises et assimilées ne restent pas en eux à l'état d'idées abstraites, mais les rendent capables de traduire dans la pratique les principes et les directives sociales. »
Sous l’inspiration de Cardijn le pape Jean incorporait donc de manière spécifique la méthode du “Voir-Juger-Agir” dans l’enseignement social et la pratique de l’Eglise catholique.
Quatre années plus tard, dans son intervention au Concile de Vatican II sur la liberté religieuse, Cardijn, alors cardinal, devait insister sur l’importance de cet héritage :
« Cette liberté intérieure, même si elle existe en germe dans toute créature humaine comme un don naturel, requiert une longue éducation et elle s’entretient de trois façons : voir, juger et agir. Si, grâce à Dieu, nos soixante années d’apostolat n’ont pas été vaines, c’est parce que nous n’avons pas voulu que les jeunes vivent longtemps à l’abri des dangers, coupés de leur milieu de vie et de travail, mais que nous avons fait confiance à leur liberté, pour une meilleure éducation de celle-ci. Nous les avons aidés à voir, à juger et à agir par eux-mêmes, en entreprenant d’eux-mêmes une action sociale et culturelle, en obéissant librement aux autorités, afin de devenir des témoins adultes du Christ et de l’Evangile, conscients d’être responsables de leurs frères et de leurs sœurs du monde entier, » disait-il alors (20 septembre 1965), en utilisant une formule qui rappelle la fameuse définition de la « démocratie » adoptée par le mouvement du Sillon de Marc Sangnier, qui la décrivait comme « une organisation sociale qui tend à porter au maximum la conscience et la responsabilité de chacun. »
De fait la formule du “Voir-Juger-Agir” de Cardijn résumait avec précision la “méthode d’éducation démocratique” qui avait été utilisée dans les ”cercles d’étude” dont le Sillon s’était fait le pionnier au tournant du 20ème siècle.
« Tout citoyen doit : 1° Connaître l'état de sa patrie; lorsque la situation est mauvaise, il doit 2° chercher les remèdes; enfin, les remèdes trouvés il doit 3° agir, » écrivait Marc Sangnier pour décrire la méthode d’enquête utilisée par le Sillon dès l’année 1899.
C’est Cardijn qui a, de fait, perfectionné cette méthode pour en faire la fondation du mouvement de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) avant que celle-ci ne soit adoptée par tant d’autres mouvements et associations d’apostolat de laïcs.
« Des militants et des membres, » déclarait Cardijn au cours du 1er Congrès International de la JOC en 1935, « .apprenant à VOIR, JUGER ET AGIR : à VOIR le problème de leur destinée temporelle et éternelle, à JUGER la situation présente, les problèmes, les contradictions, les exigences d’une destinée éternelle et temporelle, à AGIR en vue de la conquête de leur destinée éternelle et temporelle, »
Cardijn s’est lui-même perçu comme un enseignant, un éducateur pour la jeunesse ouvrière. Aujourd’hui, cinquante ans après l’encyclique Mater et Magistra, nous voyons clairement qu’il a de fait rempli ce rôle pour l’ensemble de l’Eglise.
Aussi, tandis que nous célébrons le demi-siècle de “l’encyclique du Voir-Jugé-Agir”, nous renouvelons la demande formulée en 1998 par des anciens responsables de la JOC Internationale : que Cardijn soit reconnu comme “Docteur de l’Eglise”.
Communauté Internationale Cardijn
20 mai 2011